Michel Borderie

Biographie
Michel Borderie est né en 1962 à Brive. Prothésiste dentaire de formation, il abandonne rapidement ce métier pour celui d'illustrateur. Autodidacte, il fait ses débuts en 1986 en réalisant quelques couvertures de romans de SF pour Opta, et de Policiers pour Fleuve Noir et Albin Michel. Passionné avant tout par la littérature et l'illustration de Fantasy , il se voit cependant proposer des couvertures de SF et de Fantastique, et travaille en 1988 pour Fleuve Noir Anticipation puis pour d'autres éditeurs comme Denoël, Lefrancq, Hachette Jeunesse... A l'aube des années 2000, il commence à s'imposer en Fantasy et obtient le Prix du Public à l'exposition " VISIONS DU FUTUR 2001 " faisant suite à Sandrine Gestin. Il a travaillé longtemps à la gouache sur papier au pinceau et à l'aérographe. Depuis quelques années, il travaille à l'acrylique et utilise l'aérographe avec parcimonie. Il s'oriente actuellement vers la BD en faisant la mise en couleur en numérique et réalise aussi des illustrations en noir et blanc et en couleurs pour la Presse et l'Edition de J.D.R.. Il est aussi membre de l'association d'illustrateurs Art&Fact qui a pour vocation de promouvoir le travail, un peu laissé pour compte, des artistes de l'imaginaire.
Bibliographie
Fiction N° 371. 1986. Editions Opta ; Le Dieu Lumière de J.P. Andrevon. 1988. Editions Fleuve Noir ; LA GRANDE SEPARATION de G.J. Arnaud. Editions Fleuve Noir ; T1 : Les Croisés de Mara. 1988 ; T2 : Les Monarques de Bi. 1989 ; T3 : Lazaret 3. 1989 ; La Guerre Olympique de Pierre Pelot. 1994. Editions Denoël ; L'Elvissée de Jack Womak. 1995. Editions Denoël ; Conan l'Indomptable de Steve Perry. 1995. Editions J'ai Lu ; Helena Von Nachtheim de Yvon Hecht. 1996. Editions Denoël; Nouvelles et Autobiographie de Frietz Lieber. 1998. Editions Lefrancq ; La Partition de Jéricho de René Réouven. 1999. Editions Denoël ; Le Charme noir de Don Whittington. 1999. Editions Hachette jeunesse ; Visions d'horreur de Paul Van Loon. 1999. Editions Hachette jeunesse ; La Chose qui tue de Christine Harris. 2000. Editions Hachette jeunesse ;Halloween sur l'île des Pendus de J. Landreaux-Valabrègue. 2000. Hachette jeunesse ; FAERIES 11 Spécial David Gemmell - Toutes les illustrations intérieur. Juin 2003 ; KHIMAIRA 20. Couv. Octobre 2003 ; GALAXIES 31. Couv. Janvier 2004 ; ASPHODALE 6, Spécial H. Lœvenbruck. Couv. Février 2004.


Interview


Cycle : Alors que vous avez une formation de prothésiste dentaire, vous abandonnez cette voie pour vous diriger vers l'illustration. L'écart est grand. Pourquoi ce revirement ?

Michel Borderie : Autant que je me souvienne, j'ai toujours adoré dessiner et j'ai toujours détesté l'école. A 15 ans, j'étais sûr d'une chose ; je ne voulais pas poursuivre mes études. Il fallait donc que je trouve un métier. C'était en 74, je vivais en Corrèze et j'aimais le dessin mais de là à envisager d'en faire mon métier… Actuellement, les jeunes générations ont accès à toutes les infos via la TV, le net, etc., mais moi j'étais dans le flou et personne n'a su m'encourager. Mon dentiste m'a parlé du métier de prothésiste dentaire. C'était manuel et minutieux alors pourquoi pas… Après 2 ans d'école et 3 ans de pratique à Paris, j'ai vite compris que seul le dessin m'intéressait. J'ai démissionné à 24 ans et j'ai peint pendant plusieurs mois. Puis j'ai frappé à la porte des maisons d'éditions avec des illustrations de SF et Fleuve noir m'a fait travailler… sur du polar ?!

Cycle : Quelles sont vos inspirations ? Quelles œuvres, de peinture comme de littérature, vous ont influencé ?

Michel Borderie : Dans les années 70, je lisais pas mal de SF et mon auteur préféré était et reste toujours Jack Vance. Je dévorais aussi des comics et m'inspirais des dessins de Buscema, Kirby et les autres.

Mais la révélation a été en 79 quand j'ai vu Alien ! Outre le choc cinématographique j'ai découvert le travail de Giger, de Foss, de Moebius, à travers le Métal Hurlant spécial Alien. A partir de là, je suis devenu cinéphile et j'ai découvert d'autres illustrateurs. Siudmak m'a passionné ainsi que Tim White et je me suis mis à l'aérographe. Mais c'est en découvrant Frazzeta sur le tard que j'ai eu un choc. Je suis aussi un grand admirateur de Brom et d'Amano. J'adore le cinéma d'animation japonais et des réalisateurs comme Oshii, Miyasaki, Kawajiri, Watanabe m'inspirent énormément. En France, il a fallu attendre Pascal Morelli et son Corto Maltese pour enfin rivaliser avec les Japonais.

Cycle : Un des premiers auteurs de fantasy, sinon le premier, William Morris, était un peintre préraphaélite. Pensez-vous que l'image et la littérature de fantasy soient indéniablement liées ?

Michel Borderie : La littérature de Fantasy est exceptionnellement évocatrice et il est évident qu'un artiste cinéaste ou peintre, amateur du genre aura envie d'exprimer par l'image ce qui titille son imagination. Le Seigneur des Anneaux est un exemple parfait. Maintes fois illustré, il n'en demeure pas moins une source d'inspiration inépuisable pour un peintre… et pour un cinéaste.

Cycle : Vous êtes autodidacte, et dans beaucoup de domaines cette formation est mal perçue par les professionnels déjà en place. Avez-vous ressenti un certain malaise, un certain rejet, au départ, de la part de vos confrères ?

Michel Borderie : Absolument aucun malaise. Votre travail parle pour vous. Ça plait ou pas et peu importe comment vous en êtes arrivé là. Du côté des éditeurs, c'est exactement la même chose.

Cycle : Comment vous êtes-vous fait connaître dans le métier ?

Michel Borderie : Le tout est de savoir si je me suis fait connaître… J'ai perdu pas mal de temps car je n'ai pas cherché à tout prix à m'imposer en SF et Fantasy. Il faut dire que dans les années 80, peu d'éditeurs pratiquaient ce genre et il y avait beaucoup de réédition de couv étrangères. J'ai donc longtemps travaillé dans des domaines très différents : du policier, des guides, des romans historiques entre autre. Plus tard, j'ai pris conscience qu'il fallait que je cherche à m'imposer dans ce que j'aimais le plus faire, à savoir la Fantasy. Pour travailler dans ce métier, il faut pouvoir montrer son travail le plus possible. Les Salons et les expos c'est un moyen encore trop rare mais indispensable ainsi qu'internet.

Cycle : Vous dites avoir longtemps travaillé à la gouache sur papier au pinceau et à l'aérographe, et qu'aujourd'hui vous préférez l'acrylique. Pourriez-vous nous expliquer les avantages et les inconvénients de ces techniques, et les raisons de votre évolution vers l'acrylique ?

Michel Borderie : J'utilise l'aérographe et pour cela, la gouache est épatante. Mais à la longue, je trouvais que l'aéro manquait de pêche pour les anatomies et j'ai donc décidé d'utiliser d'avantage le pinceau dans ce domaine. A la gouache il est très difficile d'obtenir des transparences et un beau modelé au pinceau alors que l'acrylique le permet. J'utilise toujours l'aéro principalement pour mes arrière-plans et pour peaufiner certaines zones réalisées au pinceau. D'autre part, la gouache est extrêmement fragile contrairement à l'acrylique.

Cycle : Vous travaillez pour des jeux de rôles, lesquels ? Et en quoi consiste votre tâche ?

Michel Borderie : Plus pour le moment hélas. Mais pour Oriflam par exemple, mon travail consistait à illustrer au crayon les descriptions minutieuses de personnages ou de scènes d'un livre pour jouer comme Hawkmoon. Pour le magazine Ravage, spécialisé dans le JDR et la figurine, j'illustrais un dossier sur un JDR. Mais économie oblige, Ravage a cessé d'employer des illustrateurs et Oriflam a stoppé Hawkmoon.

Cycle : Quel est votre regard sur la fantasy en générale, et sur les jeux de rôles qui en sont une extension ?

Michel Borderie : J'aime lire de la Fantasy et de la SF et je déteste les guerres de clan du genre : SF ou Fantasy, choisissez votre camp. Pour moi, il n'y a pas de mauvais genre, en littérature, il n'y a que des mauvais romanciers. Je ne suis pas un rôliste, sans doute parce que mon imagination s'exprime à travers mes illustrations mais je comprends que l'on puisse se passionner pour ça.

Cycle : Vous faites partie de l'association Art&Fact. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Michel Borderie : Il s'agit d'une association d'illustrateurs professionnels travaillant dans le domaine de l'imaginaire. Elle a été créée par Gilles Francescano et Philipe Jozelon. Le but est d'être vigilant sur les contrats d'édition et de promouvoir le travail des illustrateurs à travers des Expositions, des Salons afin que le grand public découvre notre travail. C'est un énorme boulot car nous sommes le parent pauvre de l'illustration. Pour un illustrateur, le seul moyen de se faire connaître est de faire de la BD. Mais tout le monde n'a pas forcément envie d'en faire. Partout où nous avons exposé, ça a été un succès et il y a visiblement une forte demande des lecteurs de SF dans ce sens. Encore faut-il pouvoir leur montrer notre travail. Certains jeunes éditeurs ont compris le potentiel de l'illustration et l'intérêt croissant des lecteurs pour l'image. Reste à les décider à réaliser des ArtBook. Le public est prêt…

Cycle : Les littératures de l'Imaginaire, fantastique, fantasy, science-fiction, sont souvent l'objet d'un certain mépris, de condescendance, de la part de la littérature dite " sérieuse ". Qu'en est-il pour les illustrateurs ?

Michel Borderie : Le principal c'est que les lecteurs aiment notre travail. La SF/Fantasy est actuellement un des seuls domaines dans l'édition de romans où l'illustration est indispensable. Si ce n'était pas le cas, les éditeurs auraient déjà fait l'économie d'une couv illustrée comme dans presque tous les autres genres littéraires pour adultes.

Malheureusement, contrairement aux Etats-Unis par exemple, " le marché de l'Art " est fermé à notre travail. Difficile de trouver une galerie qui accepte de nous exposer. Comme pour les romanciers de SF, nous ne sommes pas aimés par les intellectuels avec nos peintures figuratives. Ce n'est pas vendeur…

Cycle : Quels sont vos projets ?

Michel Borderie : Avec mon scenariste Patrick Mercadal, nous réalisons en ce moment une BD intitulée: "Pern D'Ambre" pour les éditions Clair De Lune. Je dessine ma planche sur papier, je la scanne et le gros travail commence ensuite en couleur directe à la palette graphique. La parution de ce one-shot de Fantasy est prévu pour le dernier trimestre 2005. J'espère aussi réaliser des couv de romans de Fantasy ou de SF bientôt...

Cycle : Merci.



Vous pouvez retrouver certaines illustration de Michel Borderie sur www.lefantastique.net et une interview sur http://www.phenixweb.be.tf dans la rubrique Utopiales.
Mais surtout sur son site www.noosfere.org/borderie

Contact : phyrio@free.fr


Parution du numéro 3 sur William Morris, voir les extraits dans la partie Parutions