Une extrait des Notes de Lecture

Léa Silhol
La Tisseuse
Contes de Fées, Contes de Failles
Oxymore.

Réédition des Contes de la Tisseuse, paru chez Nestiveqnen, La Tisseuse - Contes de Fées, Contes de Failles, se veut une version révisée, et augmentée d'une novella " Le Vent dans l'Ouvroir ", qui remplace le dernier triptyque de l'édition Nestiveqnen, ainsi que d'une préface de Léa Silhol et d'une postface, ou étude, de Natacha Giordano utile à l'éclairage de l'œuvre. La Tisseuse nous emmène au fil de l'eau, du temps ; l'eau qui semble se transmuer à travers les saisons pour finir par se refléter, devenue miroir, dans " Eternité ". Car le fil du destin est intimement mêlé à celui de l'eau, éternel. La Tisseuse nous conte l'histoire de personnes en prise avec eux-mêmes, avec leur condition, leur destin ; Absalon qui croit pouvoir se jouer des Parques, Janus qui veut comprendre le pourquoi du Destin, ou la Gorgone enfant qui souhaite contempler son reflet terrifiant. Le recueil s'ouvre et se ferme sur la même image, mais inversée : la Gorgone, qui avec ses deux sœurs sont trois, et qui dans son reflet contemple sa solitude ; et Moera, le Destin, qui plongée dans le miroir de l'eau devient les Parques, donc trois ; l'unité dans le triple. Et ce nombre trois qui parsème le recueil comme pour mieux souligner la solitude de chacun, solitude causée par la différence, ou l'incompréhension. Un remède apparaît alors : l'amour. L'amour qui brave le destin et la condition, comme celui d'Aclis, jeune bergère, pour Thanatos, mais qui conduit à la mort ; l'amour de Janus qui fait s'interroger Moera ; l'amour qui s'exprime dans l'art, l'art de Kamen qui tatoue sur le dos de son époux, un samouraï, des flocons de neige afin d'éloigner la dame des neiges. La Tisseuse - Contes de Fées, Contes de Failles est un voyage à travers les âges et les mythes que réécrit l'auteur. Une fracture dans le réel qui nous ramène toujours à nous même.

Par Mats Lüdun